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11/10/2024Ouaouuuuh quelle classe ce voyage au Nanga Parbat ! Nous avons eu la chance de vivre un « été indien » au Pakistan, avec un ciel d’une pureté d’aigue-marine, des températures douces, des rouges et des ors d’automne et de la poudre blanche sur les sommets. Des conditions de carte postale parfaite pour découvrir une montagne aux multiples facettes géographiques et sociologiques.

GALERIE PHOTO

DIAMIR

La vallée de Diamir est une véritable forteresse défendue par un canyon coupé au couteau. On le franchit par un sentier haut perché dans les remparts, pour accéder aux zones de terrasses ouvragées où le maïs murit. Quelques familles, parmi les plus pauvres des tribus du Diamir, entretiennent ces remarquables jardins suspendus depuis des siècles. Leur société est organisée dans la plus stricte tradition sunnite, avec très peu d’interaction avec le monde extérieur. Il y a une seule école qui dispense les enseignements « basics« dans le hameau de Ser, un bâtiment financé par Reinhold Messner. Plus haut les alpages s’étirent contre les moraines du grand glacier de Diamir jusqu’aux pieds des immenses parois dégoulinantes de séracs. Ce sont des havres de paix et de grandeur. Chèvres cachemire, moutons callipyges, quelques yaks et dzos pâturent dans l’un des plus beaux cadres de haute montagne du monde. La vallée est un cul de sac, il n’y a aucun échappatoire sauf à grimper entre 7000 m et 8125 m pour gagner les crêtes de Mazeno ou du Nanga Parbat. Les clans les plus aisés du Diamir vivent plus bas, dans la vallée de l’Indus, avec plus de facilités, écoles, dispensaires, routes et pistes. Ils peuvent avoir des terres dans la « forteresse » mais ils les laissent en servage ou bien ne montent pour y travailler que pour la belle saison, entre mai et octobre.

RAÏKOT

Le versant Raïkot raconte une histoire différente. Les contraintes du relief sont pourtant les mêmes qu’au Diamir, les hauteurs propices à l’agriculture sont pareillement défendues par des gorges arides aux profondeurs colossales. La singularité cette haute vallée est sa forêt de pins himalayens, genévriers et bouleaux. Cette richesse a motivé un investisseur du Penjab à construire une piste pour accéder aux forêts et alpages plateaux de Fairy Meadows. Les Raïkotis en ont profité pour initier le tourisme dans ce lieu magique où les panoramas sur la face nord du Nanga Parbat et ses glaciers géants sont exceptionnels. Aujourd’hui c’est un lieu incontournable pour les touristes qui visitent la région de Gilgit Baltistan. Fairy Meadows est désormais une petite station d’altitude, avec des hôtels en ossature bois qui ne manquent pas de style, on y accède par un agréable sentier muletier avec vue sur Nanga Parbat, il règne une ambiance désuète d’âge d’or du tourisme de montagne qui génère une économie florissante pour les chauffeurs de jeeps, muletiers, porteurs, hôteliers, cuisiniers… Nous avons fait le tour de l’énorme cirque glaciaire qui est encore en pleine santé malgré le réchauffement climatique. J’ai rarement vu un tel concentré de cascades de glaces, de séracs, de crevasses. Dans un tel chaos il est difficile d’imaginer le tracé des expéditions allemandes du milieu du 20eme siècle.

RUPAL

La face sud de Rupal est un tout autre monde. On passe du côté sud de la montagne, plus ensoleillé, les vallées sont plus larges, plus peuplées, avec de grands espaces pour les cultures, les villages, les bourgs. Les pistes desservent tous les villages, les communautés sunnites et chiites cohabitent, l’ambiance est champêtre, les tracteurs et batteuses aident aux travaux agricoles. Le trek dans la plaine de Rupal est agréable et spectaculaire, les hameaux d’alpages se succèdent au pied du rempart géant du Nanga Parbat qui surplombe de 4500 m. Les troupeaux sont importants, les bêtes sont charnues. La vallée est fermée par de beaux pics méconnus d’où s’écoule le grand glacier de Rupal. On grimpe aisément sur des belvédères époustouflants perchés plus de 1000 m au-dessus de la plaine. Un vrai bonheur de trek.

Je rentre tellement enchanté par cette expérience que je compte bien reconduire ce voyage à l’automne prochain.

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